Augustin et sa mère Monique Benozzo Gozzoli (1420-1497) |
Une
des paroles les plus célèbres d’Augustin, mais aussi une des plus mal
comprises. Rien à voir pourtant avec une quelconque facilité…
Voici que le Père a livré le
Christ et que Judas l’a livré. Leur conduite n’apparaît-elle pas comme assez
semblable? Judas est un traître, le Père est-il donc aussi un traître? «C’est
impensable!», dis-tu […] Le Père a livré le Fils; le Fils s’est livré; Judas
l’a livré. Voilà une seule et même action, mais qu’est-ce qui nous permet de
[les] distinguer? […] C’est que le Père et le Fils ont agi par amour; mais
Judas, lui, a agi par trahison. Vous voyez qu’il ne faut pas considérer ce que
fait un homme, mais l’esprit, l’intention dans lesquels il agit […] Telle est
la force de la charité! Voyez qu’elle seule peut faire la distinction; voyez
qu’elle seule différencie les actions humaines entre elles […].
Nous avons parlé d’actions
semblables? Pour des actions différentes, nous découvrons qu’un homme est amené
à sévir par charité et à caresser par malice. Le père frappe son enfant et le
trafiquant d’esclaves caresse son esclave. Si on propose les deux choses, les
coups et les caresses, qui ne choisirait celles-ci et ne fuirait ceux-là? Si tu
considères le rôle que joue chacune, la charité frappe et l’iniquité caresse.
Voyez un point sur lequel
nous attirons votre attention: les actions humaines ne se distinguent les unes
des autres qu’en les rapportant à la racine de la charité. Car on peut
accomplir beaucoup d’actions qui ont bonne apparence, tout en ne provenant pas
de la racine de la charité. Car les épines ont des fleurs elles aussi.
Certaines choses paraissent dures, pénibles, mais on les accomplit pour
corriger, inspiré par la charité.
Ainsi voilà une fois pour
toutes le court précepte qu’on te dicte: «Aime et fais ce que tu veux!» [dilige et quod vis fac!] Si tu te tais,
tu te tais par amour; si tu cries, tu cries par amour; si tu corriges, tu
corriges par amour; si tu épargnes, tu épargnes par amour. Qu’au dedans se
trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne peut sortir que de bon.
Homélies sur la première épître de saint Jean VII, 7-8 (BA 76, p.
303-305)
Bonne fête de saint Augustin !
Je lis "Les confessions de Saint-Augustin". Il m'impressionne par cette pensée profonde, et son chemin vers la foi, par ce que l'on doit juger par le coeur, la sincérité de nos prières ou nos actions, et non sur les apparences. Il me rassure aussi sur le fait que l'on peut tomber et se relever sans désespérer. Merci pour cet article.
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