lundi 30 septembre 2013

Réchauffer les cœurs...


            Avec modestie, mais aussi avec détermination, le pape François continue de susciter une réflexion en profondeur sur l’Église et sa mission. Sans rien abandonner du message de Salut dont elle est porteuse, il l’invite à se centrer sur l’essentiel. À cet égard, le long entretien qu’il a récemment accordé au P. Spadaro pour les revues culturelles jésuites, mérite d’être lu et médité. On peut en trouver le texte intégral sur le site de la revue Études http://newsletter.revue-etudes.com/TU_Septembre_2013/TU10-13.pdf. En voici quelques extraits significatifs:


Commencer par le bas…

«Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Le plus important est la première annonce : “Jésus Christ t’a sauvé !” Les ministres de l’Église doivent être avant tout des ministres de miséricorde».

«Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile. L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante. C’est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales.»

Chercher et trouver Dieu en toutes choses

«Chercher Dieu dans le passé ou dans le futur est une tentation. Dieu est certainement dans le passé, parce qu’il est dans les traces qu’il a laissées. Et il est aussi dans le futur comme promesse. Mais le Dieu “concret”, pour ainsi dire, est aujourd’hui. C’est pourquoi les lamentations ne nous aideront jamais à trouver Dieu. Les lamentations qui dénoncent un monde “barbare” finissent par faire naître à l’intérieur de l’Église des désirs d’ordre entendu comme pure conservation ou réaction de défense».

«Bien sûr, dans ce chercher et trouver Dieu en toutes choses, il reste toujours une zone d’incertitude. Elle doit exister. Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. C’est pour moi une clé importante. Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. Les grands guides du peuple de Dieu, comme Moïse, ont toujours laissé un espace au doute. Si l’on doit laisser de l’espace au Seigneur, et non à nos certitudes, c’est qu’il faut être humble. L’incertitude se rencontre dans tout vrai discernement qui est ouvert à la confirmation de la consolation spirituelle

«C’est pourquoi le discernement est fondamental. Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque personne. Dieu est dans la vie de chacun. Même si la vie d’une personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher dans toute vie humaine. Même si la vie d’une personne est un terrain plein d’épines et de mauvaises herbes, c’est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser. Il faut se fier à Dieu

Prier, faire mémoire


«Je prie l’Office chaque matin. J’aime prier avec les psaumes. Je célèbre ensuite la messe. Et je prie le rosaire. Ce que je préfère vraiment, c’est l’Adoration du soir, même quand je suis distrait, que je pense à autre chose, voire quand je sommeille dans ma prière. Entre sept et huit heures du soir, je me tiens devant le saint sacrement pour une heure d’adoration. Mais je prie aussi mentalement quand j’attends chez le dentiste ou à d’autres moments de la journée. La prière est toujours pour moi une prière “mémorieuse” (memoriosa), pleine de mémoire, de souvenirs, la mémoire de mon histoire ou de ce que le Seigneur a fait dans son Église ou dans une paroisse particulière. C’est la mémoire dont saint Ignace parle dans la Première semaine des Exercices spirituels lors de la rencontre miséricordieuse du Christ crucifié. Je me demande : “Qu’ai-je fait pour le Christ ? Qu’est-ce que je fais pour le Christ ? Que dois-je faire pour le Christ ?” (…) Par-dessus tout, je sais que le Seigneur se souvient de moi. Je peux L’oublier, mais je sais que Lui, jamais. Jamais Il ne m’oublie

samedi 21 septembre 2013

La Bonne Nouvelle est annoncée aux prisonniers



Grâce à la générosité de nos lecteurs et la collaboration précieuse d'aumôniers ou de visiteurs de prisons, Bonne Nouvelle rejoint un certain nombre de personnes détenues dans un établissement pénitentiaire. Il nous arrive de recevoir d'émouvants témoignages de personnes touchées par le Seigneur à travers la lecture de la revue. Ainsi, par exemple : « Vous m'avez fait parvenir Bonne Nouvelle gracieusement pendant plusieurs mois et je vous remercie. A travers ses articles, j'ai trouvé le réconfort dont j'avais besoin en prison. Ils m'ont permis de reconsidérer ma vie face à l’Évangile. Non! il n'est jamais trop tard et rien n'est irrémédiablement perdu... »

Mais sans-doute, les répercussions de cette lecture dépassent-elles l'écho que nous en donne le courrier de certains détenus. A cet égard, on ne peut qu'être frappé – et émerveillé – par une lettre adressée récemment par un détenu au journal La Croix (publiée dans le numéro du 18 septembre 2013). Il explique comment le journal qu'il reçoit, une fois lu par lui, parcourt la prison, et lui revient enfin, amputé de quelques articles ou de pages entières : « Le lendemain [du jour où il l'a lu], feuilleté, mais vaillant, il commence son périple ... coursive après coursive, il change d'étage, D0, D1, D2, des mains se le relayent, des inconnus qui se le transmettent par bâtiment. IL voyage, votre journal... il maigrit aussi, une découpe par-ci, une autre par-là, les hommes privés de mots s'accaparent les vôtres en fonction des libertés qu'ils décident de s'offrir (...) 10, 12, 14 jours (...) il repasse par moi, premier à le lire et donc  mon nom figurant dessus (...) Charge à moi de jeter ce qu'il en reste. Au début, je m'en amusais et puis, par curiosité, j'ai commencé à regarder les « découpes ». Qui découpe quoi ? Qui s'intéresse à la page économie, religion ? Impossible de récupérer la page 23 à chaque fois que dans l'encadré des 'saints du jour' figure une citation (...) Alors merci, pour moi, pour eux... pour, sans le savoir, avoir écrit au jour le jour une liberté qui allège nos solitudes, s'immisce entre les barbelés et ressemble à un souffle (...) Voyage, petit La Croix, l'inconnu de la cellule qui jouxte la mienne t'attend déjà... »

Remercions le Seigneur pour les cœurs qu'il touche et transforme dans l'ombre des prisons. A travers La Croix, mais aussi, à n'en pas douter, à travers Bonne Nouvelle.

dimanche 15 septembre 2013

Je me lèverai et j'irai vers mon Père

Saint-Augustin nous enseigne(*)

Se connaître et connaître la volonté de Dieu

Pour Augustin, nous allons vers le Royaume de Dieu par les commandements qui se résument à l’amour de Dieu et du prochain.

Arcabas, Le Fils prodigue
«Qui aime son prochain ne considère jamais l’autre comme un étranger quand il s’agit d’exercer la miséricorde.  Mais il existe beaucoup de personnes qui ne se connaissent pas elles-mêmes; car, se connaître, comme toute personne humaine devrait en être capable, n’est pas donné à tout le monde. Comment pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne se connaît pas lui-même?  Ce n’est pas pour rien que le plus jeune fils, le fils prodigue, parti dans un pays lointain où il dissipa ses biens en vivant dans la débauche, rentre d’abord en lui-même avant de pouvoir dire: Je me lèverai et j’irai vers mon Père (Lc 15, 18). Il s’était tellement éloigné qu’il était, pour ainsi dire, sorti de lui-même. Il n’aurait pu rentrer en lui-même s’il ne s’était connu quelque peu. Il n’aurait pu dire non plus: Je me lèverai et j’irai vers mon Père, s’il avait complètement ignoré Dieu. Les commandements de Dieu, tous, nous les connaissons jusqu’à un certain point et pour les connaître mieux, il n’est pas inutile de demander à Dieu: Ne me cache pas tes volontés.
Pour pouvoir aimer Dieu, il faut le connaître; et pour aimer son prochain comme soi-même, il faut d’abord s’aimer soi-même en aimant Dieu (…) Le psalmiste dit: Sur la terre, je reste un étranger: ne me cache pas tes volontés (Ps 118, 20). Ces volontés, en effet, restent cachées pour ceux qui ne sont pas étrangers sur cette terre; même quand ils en entendent parler, ils ne les apprécient pas car ils n’ont à cœur que les choses de la terre (Ph 3,19). Quant à ceux dont la cité est dans les cieux, tant qu’ils vivent ici-bas, ils passent, comme des étrangers en voyage. Ils disent: Mon âme, à chaque instant se consume, tendues vers tes décisions (Ps 118, 20). Que désire le psalmiste? Il est tendu vers la connaissance des volontés divines. Les justes ordonnances de Dieu ont pour effet les actions justes, c’est-à-dire les œuvres de justice.»
(Saint Augustin, Commentaire du Psaume 118, 8, 2).



(*) Voici une nouvelle rubrique que nous essayerons d’alimenter régulièrement. Nous puiserons pour cela dans un magnifique ouvrage récemment publié sous la direction de Sylvain Gasser: Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.

vendredi 13 septembre 2013

Le numéro 211 de Bonne Nouvelle est paru…



En couverture, les sourires éclatants de jeunes belges aux JMJ de Rio.
Au sommaire:
- Le pape François parle du Renouveau
- Un participant aux JMJ témoignage de sa découverte du peuple brésilien
- Au Brésil, le pape s’adresse aux évêques; il parle de l’Église et de sa mission
- Comment «Dire Dieu à la télé»? Régis Burnet, qui présente l’émission «La foi en question» à RCF, répond à cette question
- Dans la rubrique «Au fil de la liturgie», nous parcourons les évangiles de ces prochaines semaines, qui invitent à découvrir la «véritable richesse»
- L’abbé Paul De Clerck, spécialiste de la liturgie, clarifie pour nous le lien entre le baptême et la confirmation
- Le P. Sandro poursuit sa méditation sur le monde vu à la lumière de saint Paul
- Un beau livre sur les récits de la création fait l’objet de la rubrique «Lu pour vous»
- Le berger de la Session du Renouveau 2013 nous en donne un écho
- Enfin, il y a les comptes rendus de livres, de brefs «billets» spirituels, le calendrier, et de nombreuses photos, en particulier des JMJ de Rio

Pour obtenir un numéro ou pour souscrire un abonnement: voir les annonces dans la colonne de droite de la page d’accueil.