dimanche 28 août 2016

Bonne fête de saint Augustin

Augustin et Monique. L'extase d'Ostie

Or, le jour était proche où elle [Monique, la mère d’Augustin] allait quitter cette vie (…) Il se trouva, par tes soins, j’en suis sûr, par tes secrètes dispositions, que nous étions seuls, elle et moi, debout, accoudés à une fenêtre (…) C’était à Ostie, près des bouches du Tibre, à l’écart des agitations, après les fatigues d’un long voyage: nous refaisions nos forces pour la traversée. Donc, nous parlions ensemble, dans un tête-à-tête très doux. Oubliant le passé, tendus vers l’avenir, nous demandions entre nous, en présence de la Vérité que tu es, toi, ce que pourrait être cette vie éternelle des saints que ni l’œil n’a vue, ni l’oreille entendue, ni le cœur de l’homme senti monter en lui (…)
Alors, nous élevant d’un cœur plus ardent vers «l’être même», nous avons traversé, degré par degré, tous les êtres corporels, et le ciel lui-même, d’où le soleil, la lune et les étoiles jettent leur lumière sur la terre.
Et nous montions encore, au-dedans de nous-mêmes, en fixant notre pensée, notre dialogue, notre admiration, sur tes œuvres. Et nous sommes arrivés à nos âmes; nous les avons dépassées pour atteindre la région de l’abondance inépuisable, où tu repais Israël à jamais dans le pâturage de la vérité. C’est là que la vie est la sagesse par qui sont faites toutes les choses présentes et celles qui furent et celles qui seront (…)
Et pendant que nous parlons et aspirons à elle, voici que nous la touchons à peine, d’une poussée rapide et totale du cœur. Nous avons soupiré, et nous avons laissé là, attachées, les prémices de l’esprit; et nous sommes revenus au bruit de nos lèvre, où le verbe se commence et se finit. Mais quoi de semblable à ton Verbe, notre Seigneur, qui demeure en soi sans vieillir et renouvelle toutes choses?


Augustin, Les Confessions, IX, 10, 23-24.

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