Nous
entrons aujourd’hui dans le temps du Carême que chaque année nous fait revivre.
À moi le devoir de vous adresser, comme chaque année, des exhortations, afin
que la parole de Dieu dont je suis le ministre nourrisse votre cœur, tandis que
votre corps observe le jeûne. Ainsi l’homme intérieur, fortifié par la
nourriture qui lui est propre, pourra entreprendre et supporter avec plus de
force la mortification de l’homme extérieur.
Écoutez
ce que dit l’apôtre Paul: ‘Je vous exhorte, au nom de la miséricorde de Dieu, à
vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu’ (Rm
12,1). Paul parle de cette croix dont le serviteur de Dieu n’a pas à rougir,
mais qui est pour lui sujet de gloire: ‘Pour moi, non, jamais d’autre titre de
gloire que la croix de Notre Seigneur Jésus le Christ ; par elle, le monde est
crucifié pour moi, comme moi pour le monde’ (Ga 6,14). Cette croix ne nous est
pas donnée pour quarante jours, mais pour notre vie entière, représentée par le
nombre mystique de quarante jours. Moïse, Élie et le Seigneur lui-même ont
jeûné pendant quarante jours. L’Écriture nous fait ainsi comprendre, par l’exemple
de Moïse, d’Élie et du Seigneur, c’est-à-dire par la Loi, les Prophètes et
l’Évangile, comment nous devons nous comporter : non point nous conformer ou
nous attacher à ce monde, mais ‘crucifier l’homme ancien, pour revêtir le
Seigneur Jésus’ (Rm 13, 14).
(Sermon 205, 1)
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