Le 21 mai 1996, un communiqué du Groupe islamique armé,
organisation extrémiste algérienne, annonce qu’a eu lieu l’exécution des sept
moines trappistes enlevés deux mois auparavant au monastère Notre-Dame de l’Atlas.
C’est le point final d’un itinéraire de témoignage évangélique poussé jusqu’à
rendre présent l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, au cœur de la haine qui se répand
entre les hommes.
Lorsque les événements (assassinats de représentants
français et d’ouvriers croates, menaces, intimidations, etc.) s’étaient
précipités, ensemble, ils avaient décidé de rester en Algérie; c’est là qu’ils
avaient tissé des liens étroit de dialogue et d’approfondissement spirituel
avec les musulmans de la région.
On retiendra l’extraordinaire testament spirituel du prieur
du monastère, Christian de Chergé, écrit peu de temps avant leur enlèvement :
«S’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui –
d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les
étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma
famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays (…) J’aimerais, le moment
venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de
Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout
cœur à celui qui m’aurait atteint (…) Ma mort, évidemment, semblera donner
raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf, ou d’idéaliste: ‘Qu’ils
disent maintenant ce qu’ils pensent!’ Mais ceux-là doivent savoir que sera
enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voilà que je pourrai, s’il plaît à
Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui les
enfants de l’islam tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ,
fruits de sa Passion, investis par le don de l’Esprit dont la joie secrète sera
toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec
les différences (…) Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas
su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi, je le veux, ce MERCI et cet ‘A-DIEU’
en-visagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux,
en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen. Inch’Allah!»