Le 9 avril 1945, sur l’ordre personnel d’Hitler,
Dietrich Bonhoeffer était pendu, nu, dans le camp de concentration de Flossenbürg.
Pasteur luthérien, il exerça son ministère à
Londres de 1933 à 1935. À son retour en Allemagne, il rejoint l’«Église
confessante», qui refuse toute compromission avec l’idéologie nazie. C’est
dans ce contexte qu’il va animer un séminaire semi-clandestin et entrer en
relation avec des opposants au régime hitlérien. Il sera d’ailleurs condamné
pour avoir participé au complot contre Hitler et pour «affaiblissement du
potentiel de guerre de l’Allemagne».
Son œuvre majeure est Nachfolge
(littéralement : «suivance», sous-entendu, de Jésus), traduit
en français sous le titre Le prix de la grâce.
Acceptant de
prendre des risques, notamment pour aider des Juifs à fuir l’Allemagne, il
écrivait: «L’Église
n'est réellement Église, que quand elle existe pour ceux qui n'en font pas
partie», et il existe un «devoir inconditionnel
de l'Église envers les victimes de tous les systèmes sociaux, même s'ils
n'appartiennent pas à la communauté des chrétiens».
Une vie totalement livrée, celle de cet homme qui accepta de payer "le prix de la grâce". Dans Résistance et soumission, il écrit: «Quand on a renoncé totalement à faire quelque chose de soi-même: un saint, un pécheur converti ou un homme d'Eglise, juste ou injuste, malade ou en bonne santé, alors on se jette entièrement dans les bras de Dieu, alors on prend finalement au sérieux non pas ses propres souffrances, mais les souffrances de Dieu dans le monde, alors on veille à Gethsémani avec le Christ et, je pense, c'est cela la foi, c'est cela la metanoïa [conversion], et c'est ainsi que nous devenons des hommes, que nous devenons des chrétiens».